Rencontre avec Franck Ferrand, quand l'Histoire retrouve son souffle vivant

Bonjour Franck, vous avez cette capacité unique à incarner l’Histoire comme un grand théâtre vivant. D’où vous vient cette passion, et comment s’est-elle imposée dans votre parcours ?

C’est une institutrice de l’école publique qui m’a inoculé tout jeune le virus de l’histoire ou – pour être plus juste – des histoires. Car elle était conteuse plus qu’historienne et, d’entrée de jeu, a mêlé dans mon esprit l’intérêt pour le passé à la passion du récit. Mon grand devancier, Alain Decaux, se définissait comme « écrivain d’histoire » ; je me vois davantage sous les traits d’un « conteur du passé ». D’un passeur, diront les mieux disposés…

Les objets ont un pouvoir narratif extraordinaire. Un bijou, une broche, une montre… peuvent parfois contenir des fragments de vie. Est-ce qu’un objet vous a particulièrement marqué au fil de vos recherches ou de votre vie personnelle ?

Si les objets nous fascinent, c’est qu’ils résistent au temps mieux que nous – presque sans vieillir – tout en se chargeant du souvenir des époques qu’ils ont traversées. Pour la Gazette de Drouot, j’ai tenu une rubrique, Grands Objets, qui racontait leur destin. Je me souviens de la montre dite « de Marie-Antoinette », en vérité commandée par la reine pour Louis XVI, et dont le sort m’avait frappé. Par association d’idées, je songe aussi à la bague dite « de Fersen », joyau porté par Louis XVI et qui, après d’incroyables péripéties, a fini par sceller la paix de Versailles en 1919 !

Si vous deviez choisir une époque qui incarne, selon vous, une forme d’élégance intemporelle – dans les gestes, les mots ou les ornements – laquelle serait-elle ?

Pour l’élégance intemporelle, j’aurais spontanément tendance à la chercher dans l’Athènes classique du Ve siècle avant notre ère – ou mieux encore : dans l’interprétation qu’en a donnée la Belle Époque à la Villa Kérylos, sur la Côte d’Azur... Le Grand Siècle français n’est  pas mal non plus ; mais à titre personnel, je laisse plus volontiers vagabonder mon imagination dans l’époque plus proche et familière des années 1920 – il y a cent ans – à l’époque de la fondation de Tellus…

La fête des mères est l’occasion de célébrer des figures souvent discrètes mais fondamentales. Quelle femme de l’Histoire aimeriez-vous remettre en lumière à cette occasion ?

La femme à laquelle je pense – et que je connais bien pour avoir consacré deux années à tenter de percer son mystère – n’a pas laissé avant tout l’image d’une mère. Elle n’a eu qu’une enfant, sa chère fille Alexandrine, morte de péritonite à l’âge de dix ans… Il s’agit de Mme de Pompadour, dont le fulgurant parcours, dont l’intelligence hors-normes, dont les paradoxes multiples me paraissent faire – au-delà du parangon de féminité qu’elle représente – un être humain en tout point fascinant.

Maison Tellus croit aux liens qui unissent les générations à travers des objets porteurs de sens. Qu’est-ce que la transmission représente pour vous, au-delà des mots ?

Vous demandez à un transmetteur de parler de transmission ; autant demander à un jardinier ce qu’il pense des jardins ! (rires) Rien n’est plus important à mes yeux que ce passage de relais, que cette passation de ce qu’il y a de beau, de bon, de vrai dans le monde aux générations suivantes. Cela demande du travail, du discernement, de l’humilité et pas mal de courage – cela demande avant tout de croire aux âpres vertus de l’éducation.

Vous portez une montre Maison Tellus, un modèle emblématique de notre collection Discoverer. Qu’est-ce qui vous a séduit dans cette pièce, et que représente-t-elle pour vous au quotidien ?

C’est mon Credo qui vous intéresse, si je comprends bien le sens de votre question… En quoi est-ce donc que je crois ?... Je crois dans la cohérence, la précision, l’excellence, le dépassement, l’élévation, l’élégance et – tout simplement – la beauté ; je ne pense pas vous surprendre tellement en affirmant que votre petite merveille de technique artisanale résume assez bien, à mes yeux, toutes ces notions.